Damien Saez - Le dernier disque

Publié le par Hillslion

Si c’est le dernier disque, ouais, le dernier cantique
De mes mots pour le monde, oui, le dernier supplique
Si j’ai même plus l’envie de livrer mes musiques
À mon pays vendu à des luttes pathétiques

Si vont nos littéraires sûrs vers l’enterrement
Si c’est noyé de sang la terre du Bataclan
Si j’ai trop combattu trop de moulins à vent
Si, je crois, les poètes ne sont plus de ce temps
Si je suis le dernier, alors dis, à quoi bon
Si sur la terre des hommes il n’est plus d’horizon

Si même dans mes écrits, je n’ai plus rien à dire
S’il n’y a plus l’envie plus l’envie de t’écrire
Juste au bord d’un ruisseau, aller voir, oui, l’oiseau
Voir cogner les piverts sur le bois des bouleaux

Si c’est ça qui est offert aux regards de l’enfant
Si c’est celle-là, ma terre, la terre du Bataclan
Barbaries des bons dieux ou bien des pétrolières
Toujours le miséreux des esprits qui galère

S’il n’y a plus que dégoût de ces gens sur ma terre
Si je suis dégoûté parfois d’être leur frère
Si écrire pour mon peuple vire à l’humanitaire
Qu’est-ce qu’on est devenu si putain c’est la guerre

Oui si moi je suis né, oui, du peuple du ciel
Si je suis un oiseau qui a trop battu des ailes
Si j’ai trop combattu si je passe la main
Sûr à la résistance, que fera ton gamin ?

Du dictat de l’Orient ou bien de l’Occident
Ouais, des soldats du sang ou de ceux de l’argent
Puisqu’il est sans frontière, moi, je ne vois pourtant
Que le sang sur la terre, oui, de mon Bataclan

Triste monde, je t’écris pour te dire mes Jocondes
Seront mieux avec moi emportées dans ma tombe
À l’abri du vulgaire, au chaud dans mes tiroirs
Non pas pour cette terre resteront mes mémoires

Si j’enlève mon art du grand communiquant
Confiture aux cochons, aux moutons dans les champs
De blés, je me retire de la fosse au purin
Ouais crois-moi, mon ami, protège ton gamin

Confiture aux cochons, oui, même c’est peu dire
Le cochon, ça se mange tout comme le mouton
Là, je crois ça devient du caviar au cafard
Pour les peuples du rien, les cerveaux mitards

Oui, reprends tes esprits, triste peuple perdu
On fait pas des bouquins pour se torcher le cul
Les livres, c’est réservé à ceux qui savent lire
Tout comme mes poèmes à ceux qui disent je t’aime

Du caviar au cafard, mes poèmes aux réseaux
Alors s’il est trop tard, ouais, pour sauver ma peau
Permets-moi de sauver ce que j’ai de Rimbaud
Et même si je dois prendre, oui, le chemin d’Hugo

Alors, c’est décidé : je rentre en résistance
Si je dois te quitter pour te sauver, ma France
Écrire mes manifestes, ouais, depuis l’Alaska
Éradiquer la peste pour guider le combat

Peuple qui se connecte, peuple déconnecté
Toujours plus, oui, je crois de la réalité
Je ne livrerai plus mes lettres qu’aux lettrés
Ou alors à ceux-là qui aiment encore le papier

Il faut tuer le libre quand il veut vous tuer
Emprisonner les mots du vulgaire fou à lier
Faut fermer les réseaux, ouais, des fautes de français
Oui, pour ressusciter notre oiseau liberté

Et si moi, je suis né, oui, du peuple du ciel
Si je suis un oiseau qui a trop battu de l’aile
Si j’ai trop combattu si je passe la main
Sûr à la résistance, que fera ton gamin ?

Damien Saez - Le dernier disque
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